Après-midi d‘exploration à la Réserve Brun Chêne – samedi 15 juillet 2017
Un petit échange de mails, un SMS et Julien (bénévole à la Réserve de l’étang de Launoy) vient nous retrouver sous le viaduc du R3. Il s’y connaît en Odonates, en avait déjà observé une bonne dizaine d’espèces l’été dernier et avait proposé de nous familiariser avec ces étonnantes créatures volantes.
Le temps est resté couvert mais nous avons quand même pu observer, juste après les petits fours à chaux, une Aeschne bleue femelle sans doute fraîchement émergée de son état larvaire. Un peu plus loin, un Orthétrum réticulé est venu se poser sur le sol d’une des mares asséchées près des grands fours : il se différencie de la Libellule déprimée par son abdomen cylindrique bleu ciel terminé par 3 articles plus foncés. Un Criquet à ailes bleues se tenait pas loin, presqu’invisible sur le sol caillouteux. Du côté de la mare dite permanente, un mâle et une femelle Agrion à large pattes (Platycneis pennipes) ont pris la forme d’un coeur aérien pour s’accoupler. Pas d’autre espèce hélas, vu le manque de soleil, mais plein d’observations passionnantes et instructives, Julien ne s’y connait pas seulement en Odonates … nous avons partagé nos connaissances naturalistes en divers endroits de la réserve. Voici en vrac un petit condensé de nos observations visuelles et auditives :
- Un couple de Faucons crécerelles planant aux alentours des grands fours à chaux et plein de petites Hirondelles de fenêtres émettant leurs “tchirp-tchirp” caractéristique.
- Le petit chant répétitif de la Rousserolle effarvate s’est fait longuement entendre dans la roselière très dense près des grands fours.
- L’état désolant des mares, dû à la sécheresse persistante : les permanentes sont également vides d’eau libre, même celle qui jouxte la falaise est … il ne reste qu’un épais feutrage de mousses et d’algues entremêlées. Par contre, la mare profonde de l’UG10 a retrouvé du peps ! Son niveau est bien remonté, il n’a pourtant pas beaucoup plu ces derniers temps, mystère … les Grenouilles vertes nous ont gratifiés de “ploufs” en série.
- Présence de nombreux Salicaires dans les cailloux près des mares : ils pourraient attirer une petite Abeille trapue à l’abdomen noir : la Mélitte des salicaires (Melitta nigricans).
- Alytes et Calamites sont bien présents sur la grande esplanade et secôtoient sous les abris : nous en avons dénombré une petite vingtaine, dont des Alytes mâles porteurs d’oeufs !
- Quelques jolis papillons ont accompagné notre parcours : Piéride du chou et, plus rare, de la moutarde, Tristan, Robert le diable, Carte géographique, Paon du jour, un Hespéride (peut-être le Point de Hongrie ?) et plusieurs petits Argus (dont le commun), ces petits bijoux bleus sans cesse en mouvement.
- Soigneusement dégagée au cours des dernières gestions et du chantier Solidarcité, la grande esplanade caillouteuse offre à présent une large gamme de plantes herbacées (dont quelques-unes que nous n’y avions pas encore observées), entre autres : Verge d’or, Brunelle, Campanule à feuilles rondes, Inule conyze, Carline, Marguerite, Sédum blanc, Epervière de Lachenal, Lotier corniculé, Eupatoire chanvrine, Onagre bisannuel, Vipérine, Carotte sauvage, Mouron rouge, Calamagrostis, Picride fausse épervière, Millepertuis, Pimprenelle, Centaurée, Mélilot blanc, Fraisier sauvage, Euphraise dressée, Verveine, Erigéron âcre et aussi annuel (moins bienvenu car invasif !). Cette belle diversité est encourageante, nous invitant à maintenir le site bien ouvert ! D’autant plus, précise Julien, que l’Anax empereur, une superbe grande Libellule bleue, apprécie ce type de milieu pour chasser … on pourrait donc bien l’y rencontrer prochainement.
- Le début du chemin qui longe la ligne Sncb est bordé de Ronces communes et de Ronces bleues, aux mûres pruineuses aussi délicieuses que les autres, très nombreuses et sucrées ! Julien repère des Hydromètres, fines Punaises des milieux humides. Le Mélilot blanc est très présent cette année. Cette Fabacée attire de nombreux butineurs (dont une Guêpe très élancée) mais aussi des Bourdons des champs et des pierres (excellents pollinisateurs !). Comme toutes les Fabacées, elle enrichit le sol en azote, préparant ainsi l’arrivée d’autres végétaux.
- Dans la mare tout au bout de la réserve (dont le niveau a fort baissé), Julien repère une plante aquatique flottante : le Cornifle épineux.
Nous revenons par le sentier créé récemment dans le versant, vers la prairie « aux papillons » et la future pelouse calcaire. Un petit Thym serpolet commence à s’y développer, ce qui est bon signe ! Les cépées de saule et de bouleau reprennent évidemment vigueur. Moins développées que l’an dernier, mais il ne faudra tout de même pas trop tarder à intervenir.
Nous nous quittons en pensant déjà à une prochaine exploration, de préférence par grand beau temps … pour augmenter nos chances d’observer d’autres Odonates.
Eveline KIEVITS – co-conservateur
Photos de gauche à droite et de haut en bas : Calamites, galles sur reine des prés, mare du fonds de la réserve, cornifle, mélilots, mare profonde, vue du site, et mare permanente sèche !
